Notre époque est celle de l’image : paraître jeune, beau et en bonne santé est important pour son bien-être ; cette volonté traduit aussi le désir de se faire reconnaître et aimer en raison du poids de la beauté dans les interactions sociales, et cela à chaque période de l’existence. Notre vie s’allonge dans la qualité, elle libère même à un âge qu’on dit mûr des énergies qui s’exaltent dans la recherche de nouvelles “fenêtres” de jeunesse.
Dans ce contexte socioculturel très prégnant, le vieillissement du visage (sans parler de celui du corps) peut être vécu comme une perte, dans tous les domaines de la vie. Comme le dit le sociologue David Le Breton : “vieillir fait perdre au sujet son visage de référence”. Le vieillissement est biologique et psychologique, mais c’est la perception sociale que nous en avons qui importe. Ainsi, les modifications morphologiques faciales liées à l’âge, l’altération de cette image qui devient inadéquate – mais que nous souhaiterions offrir intacte au regard des autres et évidemment au nôtre – peut dégrader notre estime de soi et notre qualité de vie.
La demande esthétique est toujours, pour cette raison, de nature émotionnelle. Elle est la quête d’une “réadéquation” entre l’image et le mental ; elle s’inscrit dans la recherche d’un rajeunissement naturel qui préserve la singularité du visage, ce caractère unique qui est notre référence identitaire. Pour user d’une formule lapidaire et pour paraphraser Yves Saint Laurent, on pourrait dire qu’elle se situe dans le maintien d’un état d’esprit bien plus que dans la quête d’une beauté figée ou stéréotypée.
Lorsque nous discutons avec nos patients, lorsque nous les écoutons, nous constatons que l’un des freins principaux à la réalisation d’un acte esthétique est la peur de la perte du naturel de leur visage. Cette crainte s’appuie sur des constats quotidiens : telle actrice (ou acteur) vue à la télévision ou sur Internet, tel personnage public, telle personne rencontrée dans sa vie quotidienne et auxquels on ne veut surtout pas ressembler. L’hypertrophie des lèvres ou des pommettes, l’aspect figé d’un visage trop “botoxé”, un nez devenu trop court pour son visage, un lifting trop tendu témoignent de ce “clonage esthétique” que nos patients redoutent, à juste titre. Peut-on en effet encore parler de beauté devant un masque stéréotypé qui vient se plaquer sur un visage dont la singularité a ainsi été perdue ? La beauté retrouvée doit-elle être mesurée à l’aune de la disparition des rides au détriment de l’expressivité d’un visage ? Évidemment non.
Le visage parle, il est émotions, il est langage. Qu’est ce que la crainte d’un résultat peu naturel sinon la peur de perdre cet outil essentiel de communication interpersonnelle dont nous disposons à travers[...]
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