Acanthosis nigricans et grande insulinorésistance

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L’acanthosis nigricans est une lésion cutanée hyperkératosique et pigmentée siégeant principalement au niveau des plis corporels, de façon symétrique. De très rares cas d’acanthosis nigricans représentent des manifestations paranéoplasiques pouvant être associées au développement de certains cancers (adénocarcinomes gastriques, sarcomes). Néanmoins, la grande majorité des acanthosis nigricans surviennent dans des situations d’insulinorésistance, dont l’obésité est le principal facteur favorisant.

Nous avons abordé au cours de cette session le cas des formes méconnues d’insulinorésistance sévère survenant en dehors du contexte de l’obésité. L’acanthosis nigricans est un signe révélateur majeur de ces maladies, qu’il faut savoir reconnaître le plus précocement possible pour pouvoir adapter la prise en charge.

Parmi les syndromes d’insulinorésistance extrême, les syndromes lipodystrophiques sont caractérisés par l’absence, généralisée ou partielle, de tissu adipeux sous-cutané. Ces maladies rares, d’origine génétique ou acquise, sont dues à des dysfonctionnements primitifs du tissu adipeux. Les propriétés majeures du tissu adipeux – c’est-à-dire à la fois sa capacité de stockage de l’excédent énergétique sous forme de triglycérides et ses fonctions endocrines (sécrétion de leptine et d’adiponectine) – sont altérées. Le stockage lipidique est alors orienté dans les tissus non adipeux, en particulier le foie et les muscles, ce qui entraîne un phénomène de lipotoxicité cellulaire. S’ensuivent une résistance à l’insuline avec hyperinsulinémie, une hépatomégalie stéatosique et une hypertriglycéridémie souvent sévère. Les principales complications évolutives sont le diabète, la cirrhose hépatique, les maladies cardiovasculaires et les poussées de pancréatite aiguë.

L’examen clinique est essentiel pour le diagnostic : la lipoatrophie sous-cutanée, appréciée par le pli cutané, est révélée à l’inspection par la présence de veines saillantes, de reliefs musculaires marqués. L’acanthosis nigricans est parfois remplacé par des molluscum pendulum des plis, de significativité sémiologique identique. Il s’accompagne fréquemment de signes acromégaloïdes (faciès, extrémités) et d’une hypertrophie musculaire, dus aux effets anaboliques de l’hyperinsulinisme majeur. Dans les formes partielles de syndromes lipodystrophiques, la lipoatrophie des membres et du tronc peut s’associer à une accumulation facio-tronculaire de tissu adipeux, donnant aux patients un faciès cushingoïde. Chez les femmes, un hirsutisme est souvent associé, lié à un syndrome des ovaires polykystiques (fig. 1).

L’analyse moléculaire permet d’obtenir un diagnostic étiologique ; plus de 20 gènes différents sont impliqués dans les formes[...]

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À propos de l’auteur

Centre national de référence des pathologies rares de l’insulino-sécrétion et de l’insulino-sensibilité (PRISIS). Hôpital Saint-Antoine, Services d’Endocrinologie et de Biologie et Génétique moléculaires, PARIS. prisis.sat@aphp.fr